Provinces de Jujuy, Salta, Tucumán, Catamarca, La Rioja et San Juan, Argentine
Ce n’est pas un adieu, mais un au revoir que je fais au Chili en entrant en Argentine. Je compte traverser la frontière longeant la cime des Andes presque une dizaine de fois. Cependant, le prochain Chili que je verrai ne sera sûrement pas aussi sec et solitaire que celui que je venais de vivre.
Les premiers jours en Argentine paraissaient à mes derniers au Chili : réveils frisquets et solitaire dans le silence du début de journée ; une chanson différente dans la tête de celle qui m’a hanté la journée d’avant ; le vent qui se lève y claque dans mes oreilles en après-midi et la recherche d’un endroit pour camper où ma tente ne s’envolera pas vers le Brésil.
Mais ces jours sont comptés. L’Abra del Acay s’approche, et avec lui, la fin des altitudes oscillant entre les 3 000 et 4 500 mètres. Je redescendrai, et je vais peut-être même me plaindre d’avoir trop chaud.
On parle de la route de la Mort en Bolivie, la trampolina de la Muerte (trampoline de la mort) en Colombie, mais la descente de l’Abra del Acay n’a rien de ce titre évocateur et apeurant. Et pourtant. Si les deux routes « terrifiantes » avaient peut-être leurs raisons d’être dans un passé pas si lointain, elles sont aujourd’hui beaucoup plus sécuritaires, aménagées et équipées en protection de bord de route. La route de l’Abra del Acay, quant à elle, n’est encore aujourd’hui qu’une route d’une voie de large, sans protection, en terre (et parfois même un peu sablonneuse), coincée entre le flanc de montagne et une falaise. J’étais heureux de ne pas être en voiture là-dessus. Et pourtant, on est ici sur la fameuse route 40, cette route reliant le sud au nord de l’Argentine le long des Andes. Le km 0 est à Rio Gallegos, au sud de la Patagonie, juste avant la Terre de Feu, bref, près de l’objectif final. La première borne kilométrique que j’ai vue sur cette route indiquait 4 629 kilomètres : de quoi s’encourager…
Mais enfin, quelle descente vertigineuse et intéressante, m’amenant dans les vallées Calchaquíes, qui, sans hésiter, peut entrer dans mon top 5 des plus belles routes que j’ai prises. La route suit une vallée assez large le long de la rivière qui est parfois étranglée par une formation rocheuse. Il faut donc la surmonter, et redescendre dans la vallée suivante. Ajoutez quelques cactus, quelques vielles voitures pas pressées, des troupeaux de chèvres et de vaches, un cowboy par-ci par-là, d’autres formations rougeâtres venant d’une autre planète et vous aurez les yeux grands ouverts jusqu’à Cafayate, zone viticole où il faut bien s’arrêter pour goûter.
Par la suite, si la Ruta 40 a ses zones géographiques intéressantes, il faut cependant parcourir de longues distances en lignes droites sans grand intérêt entre chacune d’elles. Heureusement, je n’étais pas seul. En sortant de Cafayate, j’ai rattrapé un couple de Suisses et nous avons passé les dix prochains jours ensemble. Se battre contre le vent a été beaucoup plus facile ! On a chacun nos sujets d’observations sur la route, souvent en lien avec nos professions. Je travaille en tourisme, donc disons que de mon côté c’est assez général et relatif à ce que je découvre. Mais quand on a un ingénieur électrique avec soi sur la route, ça donne des observations comme cet article de blog de son site Internet (mot de passe : 123).
Après plusieurs pots de crème glacée, sacs de demi-kilo de biscuits et BBQ dans les campings, toute bonne chose a une fin et il est déjà temps de se séparer. Mathias et Marion restent du côté argentin pour le moment, alors que je m’élance vers le col de l’Agua Negra, une route saisonnière qui devrait ouvrir justement quand j’y arriverai, me permettant de traverser au Chili. On m’avait parlé de la splendeur des paysages, et ma foi, j’en ai eu pour l’effort. La tranquillité du lieu m’a enchanté.
J’ai passé une partie des deux jours de montée avec un couple de Français tandemistes au moral d’acier malgré leurs problèmes mécaniques. On m’attendait du côté chilien, et j’ai dû me séparer d’eux un peu plus loin pour continuer la montée en solo. Cela m’a permis de camper au sommet, et malgré que cela ait été la nuit la plus froide de camping de tout le voyage, cela en a valu la peine !
Vous trouverez ci-dessous une carte de la route empruntée. N’hésitez pas à aller voir le vidéo relatif à ce segment route, ainsi que l’album photo !
Tu me surprend tous les jours.
Ton grand papa.
Marcel