Reconnaître le meilleur endroit sur la route pour rouler sans déraper.
Savoir jouer du poignet pour déplacer sa monture de 65 kilos dans le bon filon où le gravier est le moins pire.
Y penser à deux fois avant de lâcher une main du guidon pour prendre une gorgée d’eau.
Hocher de la tête plutôt que de saluer de la main, en retour du salut des automobilistes.
Manger la poussière lorsqu’un camion me double.
Entendre non seulement le bruit des moustiques tournoyant comme des électrons, mais le buzz général de toute la forêt qui vrombit dans le delta du Mackenzie.
Apprécier le coucher de soleil qui n’en finit plus, immédiatement suivi par un lever de soleil qui n’en finit pas plus.
Se dire que le soleil qui éclaire au nord rayonne en même temps sur l’Australie et la Russie.
Rouler de nuit, mais revenir à un rythme de jour 72 heures plus tard, car dormir dans une tente-sauna n’est pas si agréable.
Chanter bien fort de temps en temps, juste pour dire à l’hypothétique ours que je suis là.
Savoir les détails de tous les autres cyclistes du moment sur la Dempster via les voyageurs motorisés qui nous répertorient.
Se dire que les segments de route où la roue arrière s’agrippe difficilement pour ne rouler qu’à 11 km/h ne dureront pas éternellement, et que je dois passer au travers.
Apprécier les segments de route où l’on roule sans problème, facilement, car ils ne dureront pas.
Déguster les trois oeufs-toasts-jambon-bacon-saucisses-patates-café à Eagle Plains Lodge, point de ravitaillement au milieu des 740 kilomètres de la Dempster.
Être fier d’avoir roulé 110 kilomètres à bon rythme la journée où j’ai mangé ces trois oeufs-toasts-jambon-bacon-saucisses-patates-café.
Remercier ces deux motocyclistes albertains qui se sont arrêtés et m’ont donné de l’eau, ces Allemands qui m’ont tendu une poignée pleine de bonbons, cet auto-stoppeur qui m’a offert du caribou et ces États-Uniens qui m’ont fait des sandwichs beurre d’arachide-confiture.
Accepter la pluie, et la boue argileuse qui s’agrippe alors à la chaîne et au dérailleur, et attendre si cela devient chaotique.
Retenir l’ivresse de la descente, car 50 km/h sur du gravier, ce n’est surement pas l’idéal.
En fait, on ne peut pas vraiment dompter la Dempster, on s’y adapte, et on va à son rythme.
Les 5 jours de transit qui m’ont permis de monter jusqu’à Inuvik et les 3 jours passés là-bas avant de partir m’ont été bénéfiques pour déjà commencer à accepter ce rythme. Ce fut un bon défi de commencer par cet extrême, autant pour moi que pour mon vélo. Le pédalier qui avait un peu flanché lors de l’échauffement a été d’une robustesse implacable, grâce à l’équipe de l’atelier Le Grand Cycle qui a tout remis en place. Et les pneus avec du kevlar font un boulot incroyable, zéro crevaison sur la Dempster! Et maintenant, quelques jours de repos, de découvertes et de préparation pour la suite des choses (sur des routes pavées!) à Dawson City!
Beaucoup de courage et de la patience, n’oublie pas que ce n’est pas tout le monde qui est sur Facebook, je vais te suivre sur ce site .
Merci Robert!
En effet, tout le monde n’est pas sur Facebook. Généralement, ce que j’y écrit réfère au site Internet. Mais on peut aussi voir ce qui est inscrit sur la page Facebook sans y être inscrit en regardant en bas de la page d’accueil du site Internet. De plus, il est possible de s’inscrire au bulletin d’information, qui sont envoyés à peu près une fois par mois et qui regroupe dans un courriel les nouveautés du site. On peut s’y inscrire à partir de la page d’accueil du site Internet.
C’est magnifique de te lire 🙂 je te souhaite une belle route pavée et des journées clémentes pour la reprise de la route. Tu m’épates, cher ami xxxxx
WOW, Je viens de finir une semaine Niagara Falls – Montréal dans une semaine de record de chaleur mais cela n’est en rien comparable à ce que tu roules. Rouler sur du gravier c’est rouler sur des billes! Lentement mais surement.
Bon courage et je continue à te suivre.