Trois petites semaines, dont deux assises sur le vélo, m’ont permis de traverser la petite république équatorienne aux élans de socialisme du 21e siècle à la Chavez. En si peu de temps, j’ai traversé 8 fois la Grande Division Continentale, et ce, sans trop faire de détours. La Panaméricaine passe directement dans la Sierra, contournant les volcans ; les plus hauts pics enneigés étaient cachés par les nuages, car je n’ai pas été chanceux du côté de la météo.

Des chiffres et des lettres

Équateur
Du 7 au 28 juillet 2013
22 jours dont 15 à vélo
Jours avec pluie : 17
1 203 km, total à l’odomètre : 18 950 km
8 traversées de la Division Continentale
2 crevaisons
80,23 km en moyenne par jour pédalé (54,70 par jour total)
Vitesse moyenne de 13,1 km/h
Journée la plus grande : 116 km
Journée la plus courte : 43 km
Journée la plus rapide : 17,1 km/h
Journée la plus lente : 8,0 km/h
Vitesse maximale : 86,9 km/h

Où dormir ?

Je n’ai dormi qu’une seule nuit en hébergement commercial, donc je ne pourrai pas vraiment parler des prix et qualité. Si les Équatoriens sont moins hypersociables et un peu plus discrets que les Colombiens, il n’en reste qu’ils n’hésiteront pas à donner un coup de main s’ils le peuvent. De plus, alors qu’il était commun en Colombie de voir un hébergement même dans les petits villages, c’est moins le cas en Équateur. Cela permet donc de varier les lieux où l’on étend le tapis de sol. J’ai donc dormi chez le propriétaire d’une station-service, dans une caserne de pompier, sur une base militaire, chez les policiers et à côté (sans le savoir avant) d’une fête de village).

Il y a deux casa de ciclista, une à Tumbaco et l’autre à Ambato. Je suis allé à cette dernière. Ce sont généralement des passionnés de cyclisme qui ouvrent leur maison aux voyageurs sur deux roues. Un peu d’aide dans les tâches domestiques est généralement apprécié et il arrive de rencontrer d’autres cyclistes.

Quoi manger ?

L’almuerzo du menu du jour comprenant une soupe, un plat principal (souvent du poulet) et un breuvage coûte entre 1,50 $ et 2,50 $. Il faut parfois se permettre des petites découvertes culinaires même s’il en coûte un peu plus cher, et essayer au moins une fois le cochon d’Inde, appelé cuy en espagnol (prononcer « couille », oui oui). On mange la petite bête à partir du sud de la Colombie jusqu’au Pérou. Il s’agit d’une viande tendre, très faible en gras (ce qui n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour le cyclovoyageur) et apparemment plus riche en protéines que d’autres types de viande.

On aime également beaucoup le porc en Équateur. Si l’on pouvait trouver du chicharrón un peu partout déjà avant, qui est en fait la peau (et gras) du porc frite, ici, on la mange cuite, non frite, ce qui donne une texture qu’il faut apprendre à apprécier.

Routes 

La « Révolution Citoyenne », appliquée par le gouvernement de Rafael Correas qui commence son deuxième mandat cette année, a permis aux citoyens de faire brûler l’essence vendue à petit prix sur des routes flambantes neuves. On ne retrouve pas beaucoup de motos sur les routes, comparés à d’autres pays, et plus de gros cylindrés. Les petits moteurs peinent de toute façon à entreprendre les côtes abruptes du pays (tellement abruptes que j’ai battu mon record de vitesse), et d’autres cyclistes m’avaient prévenu du mal de jambe à venir. Bien sûr, premièrement la « Révolution Citoyenne » ne consiste pas juste à des routes neuves (les panneaux publicitaires gouvernementaux en bordure de route expliqueront le beau côté de la médaille et des citoyens, parfois l’autre côté), et deuxièmement, les travaux publics ne sont bien sûr pas tous terminés. De manière générale, plus on est près de la capitale, c’est beau, et ça l’empire plus on se rapproche des frontières. J’ai fait deux segments hors de la Panaméricaine.

Détour amazonien

Commencé en Colombie, j’ai continué au nord de l’Équateur, traversant le parallèle 0° donnant son nom au pays dans le bassin amazonien. À Baeza, j’ai pris une route permettant de remonter dans les montagnes, amenant près de Quito. On peut toute fois continuer à l’est des Andes, si l’humidité ne dérange pas, traversant presque tout le pays, remontant dans la Sierra à la hauteur de Loja. Si l’élévation est moins élevée, cela ne veut pas dire qu’il s’agira de routes planes.

De Loja à La Balsa, vers le Pérou

La côte Pacifique au nord du Pérou est dangereuse pour les cyclotouristes, plus spécifiquement, un peu au nord de Trujillo, près de Paijan. De nombreuses attaques ont été reportées spécifiquement contre des cyclistes. Il est bien rare d’entendre des histoires de la sorte au Mexique et en Colombie, où les gens sont généralement plus inquiets, ignorant le sujet nord-péruvien. Certains iront tout de même sur la côte, feront une partie en autobus, se feront escorter par la police ou prendront le risque. Une option par les montagnes existe, prenant la route à partir de Loja vers Zumba et le poste frontalier de La Balsa. Cependant, il faut avoir le moral solide et des jambes d’acier.

Dans quelques années, il sera plus facile de passer par là, la route étant en construction pour être pavée. Cela ne réduira cependant pas le degré d’inclinaison des pentes, plus abruptes encore que sur la Panaméricaine. La route est pavée depuis longtemps jusqu’à Vilcabamba. Ne soyez pas surpris d’y rencontrer beaucoup d’États-Uniens en chemise à fleurs. Le climat agréable et le fait que les statistiques ont démontré qu’il s’agit de l’endroit où l’espérance de vie est la plus élevée de l’Équateur (apparemment dû à ce que l’on retrouve dans l’eau) ont fait débarqué une horde d’états-uniens retraités cherchant la vie éternelle. De là, un nouveau pavement en ciment s’étend tranquillement vers la frontière (ou du moins, le projet finance pour l’instant jusqu’à Zumba). Quand j’y suis passé, la route était pavée jusqu’à quelques kilomètres avant Valladolid. De là, il faudra exercer de patience sur la route abrupte et parfois boueuse, traversant des rivières à gué. Il ne faut juste pas oublier de lever la tête et profiter du paysage de temps en temps.