Chroniques péruviennes (4) : Côtes

Playa roja Paracas

La paraca à Paracas

Les deux pieds dans le Pacifique un peu frisquet, ne surtout pas penser au fait que j’aurai plus de 3 000 mètres à remonter pour retourner dans les Andes. Passer, en une journée et demie, de 5 000 mètres d’altitude à zéro fut un plaisir que je ne pourrai me donner probablement qu’une fois. C’est à Paracas que je m’installe dans une auberge de jeunesse quasi-inoccupée. Quelques âmes errent dans ce village touristique au sud de Pisco qui peut-être en d’autres moments est surchargé. L’air est sec et en après-midi, un vent du sud se met à souffler, nommé « la paraca », entraînant parfois dans ses bourrasques bonne quantité de sable. Ce sable vient de la Réserve Nationale Paracas (j’essaie de ne pas me répéter, mais c’est ainsi), où j’irai faire un tour en vélo en fin d’après-midi d’une journée de repos pour apprécier le soleil couchant dans ce décor de désert sur le bord de l’océan. Ça change de la montagne disons…

Je remarque sur la carte qu’on m’a fourni à l’entrée de la réserve qu’il est possible de passer par de petits chemins pour rejoindre Ica, ma prochaine destination, plutôt que de passer par la Panaméricaine. La garde-parc me donne le plus de renseignements possible pour m’orienter, tout en mettant en garde qu’il peut être facile de se perdre, les pêcheurs du coin créant leurs propres chemins.

Je pars le lendemain matin très tôt pour éviter la paraca de l’après-midi, mais en effet, je me perds deux fois, devant rebrousser chemin pour revenir à l’intersection antérieure, perdant environ deux heures. Je me retrouve tout de même facilement, avec l’océan au loin comme point de repère. J’arrive à un petit village de pêcheurs vers 14h, le vent s’étant mis de la parti. Je pourrais camper ici et continuer le lendemain, mais le garde-parc du village me parle de la route qui quitte plus loin la côte pour aller rejoindre Ica, qui coupe à travers le désert et qui se recouvre parfois de dunes de sable par le vent. J’aurai vraisemblablement besoin de pousser mon vélo par-dessus, en repérant les bornes kilométriques du bord de la route pour rester en ligne droite.

Beau défi, mais je n’ai pas besoin de cela aujourd’hui, ni demain, et ni peut-être le surlendemain si je tarde à traverser les dunes. Il sera plus rapide de me laisser pousser par le vent pour revenir à Paracas et prendre la Panaméricaine le lendemain pour Ica. La journée aura cependant été merveilleuse, seul dans ce désert côtier.

 

Le pisco à Ica

À Ica, un hôte m’accueillait, où se trouvait déjà deux CouchSurfers chiliens. Notre hôte nous a amené à quelques bodegas où l’on peut déguster la production de pisco provenant des champs de raisins avoisinants et visiter les distilleries artisanales produisant l’alcool translucide. On le mélange parfois avec du jus de raisin, qu’on appellera vino, quoi qu’il n’y ait pas de réelle fermentation. J’avais plus besoin de cela je crois…

La côte est différente, plus métissée que la montagne. Je ne vois plus ces sympathiques femmes en habits traditionnels tricoter tout en marchant dans la rue. On me dévisage moins, on est plus habitué de voir des gens d’un peu partout. Après avoir passé autant de temps en altitude, je me sens remplis d’énergie pour pousser mon vélo sur le pavement au large accotement de la Panaméricaine, enfilant les kilomètres, voyant loin devant moi.

 

Le tourisme en devenir à Palpa

Je fais 100 kilomètres avant le lunch en quittant Ica. Assis sur le bord du trottoir en face d’un mini-marché, une femme commence à me parler en me posant les questions habituelles. Elle était bien habillée, comme si elle sortait d’un hôtel 5 étoiles avec son pantalon et sa veste professionnels. Elle avait une petite épinglette en feuille d’érable sur sa veste et elle m’explique qu’elle l’a reçue de l’ambassadeur canadien. Elle est professeure de tourisme au collège technique à côté. Peu après lui avoir dit que j’ai étudié en tourisme et que je suis Québécois, elle m’invite au collège pour y donner une conférence à ses étudiants en début de soirée.

Avant cela, elle me programme l’après-midi avec l’un de ses étudiants pour me faire visiter les attraits de la région de Palpa. On y retrouve plusieurs sites archéologiques et de géoglyphes qui, contrairement à ceux de Nasca qui sont sur une vaste plaine, sont plus petits et s’étendent à flanc de collines. Il n’est donc pas nécessaire de se payer un vol d’avion pour pouvoir les observer. Il suffit de monter sur une colline avoisinante ou un mirador construit pour l’occasion. Il est possible de terminer la journée en se baignant dans une rivière (sous un pont suspendu historique où on y a malheureusement installé un affreux pipeline) ou dans une hacienda tout près.

Contrairement aux lignes de Nasca, à quelques dizaines de kilomètres, l’endroit n’a pas eu autant d’attention internationale, d’abord par l’allemande Maria Reiche qui a consacré sa vie à l’étude des mystérieuses lignes de Nasca, puis l’UNESCO, qui a déclaré le site comme patrimoine mondial. On peine à installer une signalisation adéquate pour pouvoir visiter les endroits, alors que lorsque je quitte Palpa et passe la petite colline donnant sur la plaine de Nasca, j’arrive en territoire organisé pour le tourisme de masse, avec signalisation adéquate et vendeurs de souvenirs plus ou moins pertinents, sous le bruit des moteurs d’avion qui survolent la plaine.

La ville de Nasca n’attirera pas mon attention, cherchant à ne pas payer plus que nécessaire pour le lunch, pour ensuite me recharger en eau et en réserve de nourriture. De là, c’est le retour en montagne, et une longue montée m’attend.

Pisco Ica

 

2 avis sur « Chroniques péruviennes (4) : Côtes »

  1. Tu as fait 100km en une matinée ? C’est plutôt impressionnant si tu prends le vélo tous les jours. Tu fais combien de bornes en moyenne par jour ? tu fais souvent des journées sans vélo pour récupérer des kilomètres ?

    • C’était plutôt exceptionnel cette journée-là, de faire 100 km en un peu plus de 4 heures. J’ai une moyenne de 85 à 90 km par jour. Et oui, je m’arrête souvent en route pour me reposer, découvrir, rencontrer, et mettre le site Internet à jour!

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