Je n’y ai pédalé que 4 jours, mais j’y ai passé presque trois semaines. De la visite m’a fait prendre des vacances du vélo pour une quinzaine de jours, juste à point avec la fin du Pérou. J’ai pu visiter La Paz et ses environs, me reposer et me préparer pour la suite des choses.
Je n’aurai pas traversé beaucoup de la Bolivie, restant principalement dans la région de la capitale, au nord-ouest du pays, au bord de l’Altiplano. Evo Morales, le président socialiste à la tête du pays depuis 2006, a rebaptisé le nom du pays en la version longue de l’État plurinational de Bolivie (Estado Plurinacional de Bolivia) dans la nouvelle Constitution de 2009. Élu suite aux fortes manifestations populaires d’octobre 2003 sur lesquels il s’est fait du capital politique, Morales dit non à l’impérialisme états-unien et veut redonner voix aux différents groupes ethniques indigènes qui peuplent le pays. Je n’aurai vu qu’une infime partie de ces nombreux visages qui colorent le pays.
Informations en vrac. La Bolivie a son vice-ministère de la coca, ainsi qu’un vice-ministère de la décolonisation. Par ailleurs, la Bolivie est le seul pays d’Amérique du Sud sans McDonald’s, apparemment pas car le gouvernement a montré la porte du pays à l’entreprise, mais car la seule succursale qu’il y avait n’était pas rentable. Pays le plus pauvre d’Amérique latine, il n’a aucun accès à la mer. La région d’Antofagasta, au Chili, était en fait bolivien jusqu’en 1879, perdue lors de la Guerre du Pacifique. On peut encore voir sur certaine carte l’appellation « Littoral bolivien » sur le territoire chilien, et on peut en apprendre plus au musée du littoral bolivien à La Paz.
Où dormir ?
À La Paz, la casa de ciclista de Christian est un incontournable pour les cyclovoyageurs. Aux dires de celui-ci, il arrive très rarement qu’il y ait une journée sans cycliste a la casa. En plus de ceux qui suivent les chemin des Andes, depuis ou vers Cusco, on y croise d’autres qui arrivent par le Brésil et le Paraguay ou d’autres plus rares qui descendront dans l’Amazone pour rejoindre Manaus. Il y a toujours quelqu’un qui planifie son passage par le Salar de Uyuni et la route des Lagunes du Sud Lipez, itinéraire bolivien hardcore mais très populaire auprès des cyclotouristes (j’ai opté pour un chemin presque tout autant hardcore, mais du côté chilien). L’ambiance et la situation de la casa de ciclista au centre-ville, près d’une université encourage à rester plusieurs jours. Il s’agit d’un appartement sur deux étages où l’on retrouve salon, salle de bain et cuisine en bas, et deux pièces en haut où l’on étend son matelas de sol et son sac de couchage. On s’empile ou l’on s’étend selon le nombre de personnes ce jour-là. Ceux qui veulent un peu de solitude ou de l’intimité iront à l’hôtel. À la casa de ciclista, on partage des histoires, nos joies et nos peines dans toutes les langues que l’on peut parler autour d’une bouffe ultracalorique pour faire des réserves pour la suite du chemin.
Mis à part cela, on peut trouver de l’hébergement pour encore moins cher qu’au Pérou. Il faut cependant s’attendre à encore moins de qualité. À certains endroits, déjà avoir une douche est un luxe, alors il ne faut pas trop penser à avoir de l’eau chaude. Autant mieux planter sa tente quelque part de tranquille, si c’est trouvable, pour plus de confort.
Quoi manger ?
Si à La Paz, on peut manger des kebabs au coin de la rue, un déjeuner style américain avec oeufs, bacon et café filtre, ou se payer la traite au canard confit et crème brûlée dans un restaurant français au tiers du prix de ce que cela coûterait en France, de retour sur l’Altiplano, c’est le retour dans la vraie vie. Le menu du jour est encore moins cher qu’au Pérou, mais n’offre généralement pas quelque chose à boire; cependant, on offre du pain. Les fruits sont parfois difficiles à trouver. Certains villages ne sont pas branchés sur un réseau de distribution d’eau (un camion doit passer de temps en temps pour remplir des seaux et autres contenants). Par le peu de temps passé ici, je ne pourrai en dire plus sur les spécialités locales. Faudra revenir !
Routes et destinations
Je suis entré en Bolivie par le poste frontière de Desaguadero, où la route est encombrée de vendeurs de toute sorte des deux côtés de la frontière. Passer un véhicule doit être un exploit. Bien qu’il s’agisse de la frontière principale entre le Pérou et la Bolivie, aucun camion ne semble passer la frontière. On le vide et fait passer la marchandise dans un autre (lorsque j’y étais, c’était des pommes de terre), par des dizaines de cyclistes qui poussent de gros tricycles en les faisant zigzaguer de l’autre côté de la frontière.
Les cyclotouristes empruntent généralement l’autre frontière près de Copacabana, qui offre de meilleurs paysages (mais moins plat et moins direct pour La Paz). Je suis allé à Copacabana en autobus quelques jours à partir de La Paz lorsque mon ami est venu me visiter. Si la ville a son charme avec ses quais sur le lac Titicaca, il faut faire fi d’une communauté d’Argentins qui ont pris possession du lieu lorsque j’y étais, compétitionnant l’artisanat local en vendant leurs créations, où d’autres qui voudront vous vendre des sandwichs végétariens ou autres victuailles préparées au coin du comptoir de leur auberge de jeunesse. Je ne recommande pas aux cyclistes de faire la ballade sur l’Isla del Sol (un autre type de touriste pourrait si plaire plus que nous cependant). Si la ballade en bateau peut être intéressante, l’île offre les mêmes paysages et petits villages que l’on voit en vélo aux alentours, moins l’appât à touristes. On vous forcera à payer pour passer sur le sentier à trois reprises, un prix aléatoire selon votre gueule (celui du centre a sorti un deuxième laissez-passer au tiers du prix du premier après longue négociation). Ce n’est pas sur le montant d’argent (on parle ici de quelques dollars), mais si au moins il y avait un prix fixe, annoncé et contrôlé au début, cela provoquerait moins de désagréments.
Circuler à La Paz peut donner une bonne dose d’adrénaline. Heureusement, j’y suis entré un dimanche. Pour sortir, j’ai suivi le conseil de Christian de la casa de ciclista : sur le boulevard principal, circuler dans la voie de gauche, près du terre-plein. Le conflit avec les vélos à La Paz, ce n’est pas nécessairement les voitures, mais plutôt les combis, ces mini-bus qui s’arrêtent sans cesse, coupant le cycliste qui doit le redoubler par la suite. Il faut comprendre qu’il y a plus de combis et de taxi que de voitures privées au centre-ville. Rouler à gauche de la voie de gauche permet donc d’éviter les mini-bus, et vous n’irez pas tant plus lentement que le trafic.
Une fois de retour sur l’Altiplano (répéter la circulation à gauche pour sortir d’El Alto), la Panaméricaine est dans un piteux état. On y construit actuellement une autre route à double voie à côté, pour en faire je présume une route à voies séparées. J’y étais au bon moment, la nouvelle route étant complétée ou en voie d’être complétée, mais pas encore ouverte, étant ainsi temporairement une énorme piste cyclable loin du trafic.
De Patacamaya, j’ai pris la route vers le volcan Sajama et le Chili. D’autres prendront cette route pour revenir vers la Bolivie après avoir longé la frontière, pour faire le Salar de Uyuni, d’autres iront directement vers le Salar en restant en Bolivie, d’autres iront vers l’Argentine, d’autres vers le Paraguay. Bref, il y a le choix, mais il ne faut pas s’attendre à l’asphalte lisse et aux signalisations claires!