2017 : retour en selle

Trois ans après avoir terminé cette aventure du nord au sud du continent américain, il est tout de même un peu rigolo de dire que je me suis remis en selle en 2017. Pour le boulot qui m’occupe depuis 2015, j’ai troqué mon lourd vélo cyclotour pour de légers vélos de titanium. Bien que j’accompagne aussi les touristes états-uniens sur des voyages de marche, le vélo reste un élément important de mon travail sur des circuits purement vélo, ou multisports, mélangeant vélo, marche et d’autres activités:

Mais bon, bien que rapidement certains diront que mon boulot, c’est d’être en vacances, la réalité, c’est que ce n’est pas mon voyage. Mon boulot, c’est de faire voyager les autres. Tout est planifié, nous sommes dans un cadre bien scénarisé et sécurisé pour notre clientèle… et on ne transporte pas nos bagages! En moi sommeillait le doute, à savoir : « suis-je encore animé par le voyage à vélo ? » À force de travailler dans le domaine, à dormir dans de confortables hotels et manger dans de bons restaurants, serais-je encore apte à voyager dans des conditions plus dures, ou suis-je maintenant contaminé au luxe?

C’est ce que j’allais découvrir en avril 2017: deux semaines libres entre deux tours en Équateur m’ont permis d’organiser une escapade à vélo.

Équateur : des Andes à la côte… et la remontée (du désir d’en faire plus)

Mon ami François est venu me rejoindre avec des pneus neufs, que nous avons installés sur de vieux vélos qui dorment dans le mini-entrepôt local de ma compagnie. Ils servaient lorsque le circuit offrait une activité dans les Andes, mais ils ne servent plus depuis quelques années. J’y ai aussi installé ma nouvelle selle Brooks, que tant de voyageurs à vélo utilisent pour leur comfort et durabilité. Ce genre de truc que tu apprends une fois parti sur la route, et prends note pour le prochain voyage. Le hic, c’est qu’il faut environ 1000 kilomètres pour « casser » la selle en cuir et la former pour épouser parfaitement les contours de son postérieur. Mais bon, avec environ 850 kilomètres à parcourir et plus de 10 000 mètres de dénivelés positifs devant nous, c’est le meilleur moment pour le faire!

Le parcours aura duré 11 jours. D’abord, en sortant de la ville de Cotacachi où nous étions basé entre les circuits, nous devions sortir des Andes. Nous escaladons 2 cols de montagnes, séparés par une profonde vallée. Après avoir passé la ligne équatoriale, un dernier col nous attendait avant d’entamer une éternelle descente vers les basses-terres de la côte Pacifique. Mais quelle descente, à travers les nuages coincés dans une forêt pluvieuse! À chaque courbe, mon coeur me rappelait pourquoi j’aime ce type de voyage: pour cette espèce de sensation de voler sur deux roues, de choisir son chemin ou de laisser le chemin nous choisir.

Presqu’un an jour pour jour, en avril 2016, la côte équatorienne a été secouée par un puissant tremblement de terre, laissant une population aux maisons détruites et aux projets réduits en miettes la lourde tâche de se reconstruire. Les cicatrices ne sont toujours pas refermées un an plus tard. Plusieurs maisons et édifices sont condamnés, tenant toujours debout comme symbole de l’événement. Certains villages sont entourés de regroupement de tentes offertes par les Chinois ou des associations chrétiennes. Nous nous sommes retrouvés dans l’un de ceux-ci pour y passer une nuit. En arrivant au coucher du soleil à un petit village à la croisée de deux routes, en pensant pouvoir y trouver un petit hôtel de passage, nous sommes surpris de n’y voir aucun hébergement. Nous demandons alors où nous pourrions planter notre tente sans déranger. Une dame nous dit alors d’aller près du terrain de soccer, où d’autres personnes campent. Surpris d’entendre cela, alors que le camping n’est pas coutume en Équateur, nous constatons en arrivant dans le parc qu’il s’agit plutôt d’un camp de réfugiés, aux maisons détruites lors du tremblement de terre. Nous nous présentons, faisant connaissance des gens y habitant, nous invitant rapidement à nous installer avec eux pour la nuit. Ce fût un des moments fort du voyage, connaissant un peu mieux la réalité de ces personnes, qui malgré le peu qu’ils ont, continuent à rire et croire en la vie.

D’autres moments forts incluent deux jours d’affilé à réparer une dizaine de crevaisons, une traversée d’une baie dans un petit bateau à moteur et une remontée dans les Andes aux paysages changeants… et essoufflants!

Le nord-ouest de l’Équateur était une région que je n’avais pas parcouru lors de mon voyage à travers les Amériques (vous pouvez cliquer sur la flèche dans le coin supérieur gauche de la carte pour choisir de montrer la route faite en 2013). L’expérience a été fantastique, et surtout, m’a fait réaliser que j’aime toujours voyager à vélo! Bien que pour François, c’était sa plus longue randonnée à vélo jusqu’à maintenant, pour moi, c’était plutôt court! J’ai définitivement envie de partir plus longtemps.

Mon Sherpa remis en état au Québec

Si mes deux premières années de boulot en tant que trip leader m’ont amenés surtout à l’extérieur du Canada, ma troisième année m’a permis de me rappeler d’où sont mes racines. J’ai décroché le poste de trip expert sur le circuit du Québec, ce qui me permet, en plus d’accompagner les groupes, d’organiser le développement du circuit et d’assurer les relations entre les contractants, les guides et le bureau. Je double ainsi mon temps passé par année au Québec, passant de deux à quatre mois!

C’était le moment de remettre mon bébé sur la route. L’an dernier, je lui ai offert une cure de jeunesse: nouveau cadre de roue, nouveau dérailleur, nouveau système de frein, nouvelles sacoches arrières, entre autres choses, mais je n’ai pas eu le temps de le mettre en route.

L’été était très chargé au niveau boulot, et je n’ai pu m’offrir que 5 jours d’escapade, en Chaudière-Appalaches et au Bas-St-Laurent.

J’ai d’abord longé la côte du flamboyant fleuve St-Laurent, suivant principalement à l’envers la route que j’avais emprunté à vélo il y a plus de 12 ans lorsque j’ai traversé le Canada (disponible sur la carte). Je me suis par contre permis de faire de petits détours pour entrer dans les villages plutôt que de passer par la route principale, suivant l’itinéraire de l’axe 1 de la Route Verte. Le Saint-Laurent, c’est la colonne vertébrale du Québec. C’est notre histoire, c’est notre économie et c’est toujours avec émerveillement que je le parcours.

À Rivière-du-Loup, j’ai tourné vers l’intérieur du pays sur le Le Parc linéaire interprovincial Petit Témis, une ancienne voie ferrée transformée en piste cyclable sur poussière de terre. L’expérience est en forêt, où l’on ne rencontre pas beaucoup de monde, et où quelques plate-formes sont installés pour installer la tente pour la nuit.

J’ai repris les routes rejoignant Pohénégamook, assise sur la frontière des États-Unis, dans le but d’essayer de trouver le début d’une mince ligne que j’avais trouvé en zoomant sur des cartes en ligne, et qui portait le nom du Parc linéaire Monk. Si je pouvais voir qu’il s’agissait d’une piste cyclable au sud de Lévis en Chaudière-Appalaches, je n’arrivais pas à trouver de l’information quant à sa partie dans le Bas-St-Laurent. Mais bon, dans ce cas, il faut aller voir! Il s’agit également d’une ancienne voie ferroviaire, mais dans ce cas, aménagée pour la motoneige en hiver et le quad en été. En théorie, je ne devais pas m’y trouver avec mon vélo. Les quelques quadistes rencontrés en chemin ne m’en n’ont fait aucun cas, mais je prenais tout de même soin de leur céder le passage. Deux jours dans la forêt, à ne rencontrer  presque personne, à pédaler parfois sur une surface un peu trop rocheuse, mais tout de même carrossable. Ça m’a permis de bien décrocher du boulot. Finalement, près d’Armagh, la piste est devenue asphaltée, rejoignant les terres agricoles de la vallée de la rivière Etchemin.

 

Mon Sherpa est encore apte pour la route et m’en demande maintenant plus! 5 jours n’étaient pas suffisants! J’ai aussi compris que dormir sur un petit matelas de sol un peu n’importe où (j’ai passé toutes mes nuits en camping sauvage), c’est encore pour moi et que tous ces hotels de luxe que je visite pour le boulot ne m’ont pas contaminé!

En 2018, mon cher Sherpa, je t’amènerai plus loin, plus longtemps!

Une réflexion à propos de “2017 : retour en selle

  1. Bonjour, je serais intéressé a faire le tronçon du parc linéaire Monk entre Eatonville et Picard. Je comprends selon ton texte que tu es passé par la en 2017 en vélo de cyclo. Si tu pouvais me donner une idée de la qualité du chemin, ce serait apprécié , ou tout autre information pertinente. Merci beaucoup.

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