Canada : bilan

Du 20 juin au 30 août 2012
72 jours dont 50 jours à vélo
À l’odomètre: 4547 km
8 traversées de la Division Continentale
3 crevaisons
90,93 km en moyenne par jour pédalé (63,15 par jour total)
Vitesse moyenne de 17,6 km/h
Journée la plus grande : 153,67 km
Journée la plus courte : 7,60 km
Journée la plus rapide : 23,0 km/h
Journée la plus lente: 11,2 km/h
Vitesse maximale: 67,6 km/h

Carte :


Parcours cycliste 1488115 – powered by Bikemap

 

Le Canada était le plus grand pays à traverser de toute la CycloExpedition Americas. Donc déjà, c’est fait! Du nord du cercle polaire arctique au 49e parallèle, j’ai traversé des paysages à couper le souffle, des forêts plus ennuyeuses et des petites villes isolées. J’ai rencontré des Canadiens s’adaptant à leur milieu, des touristes en soif de grands espaces, des ours repus, des loups curieux, des moustiques voraces. Plus j’avançais vers le sud, les villages se rapprochaient, les épiceries pour s’approvisionner devenaient plus fréquentes, les moustiques devenaient plus cordiaux, les ours étaient de plus en plus considérés comme des ennemis à craindre plutôt que de simples voisins. Plus j’avançais plus je sentais l’Humain se séparer de la nature, atteignant son paroxysme, paradoxalement, dans les parcs nationaux. Pour étayer, je réfère ici un article écrit par Alvaro, un cycliste faisant le tour du monde rencontré à deux reprises à travers nos péripéties.

Car d’autres cyclistes vagabonds comme moi, j’en ai rencontré plusieurs! La fenêtre climatique au nord du Canada et en Alaska est mince, les options de routes peu nombreuses. Et il est facile, si nous ne nous rencontrons pas, d’entendre parler d’autres « fous à vélos » qui sont quelques jours avant ou après nous.

Où dormir?

J’ai eu le plaisir d’être hébergé le quart du temps chez des amis ou de la famille, à Dawson, Whitehorse et Banff. Une dizaine de nuits ont été passées chez des hôtes Warmshowers ou simplement rencontrés à l’épicerie! Plus de 20% de mes nuits se sont passées près de la route, dans la forêt. Il est très facile de trouver des endroits pour planter sa tente. Il faut seulement s’assurer de ne pas être visible de la route, de placer sa nourriture et ses ordures loin de la tente et de quitter comme si vous n’y aviez pas passé la nuit en ramenant vos déchets. Des poubelles anti-ours se trouvent régulièrement en bordure de route, donc les ordures n’ont pas à être portées très longtemps.

Un autre quart de mes nuits a été passé dans des campings payants. Il s’agissait de campings public des parcs nationaux ou provinciaux. Le Yukon offre des campings de base en auto-perception offrant une pompe à eau (qui doit être traitée) et des toilettes sèches pour 12$. En Colombie-Britannique les parcs provinciaux sont à 16$ et offrent en plus de l’eau potable. La douche se prend dans le lac ou la rivière! Je me suis retrouvé que rarement dans ces endroits, la plupart des campings utilisés étant dans les grands parcs nationaux où dormir à l’extérieur des carrés pré-établis risque d’être considéré comme une offense par un ranger passant par là. Cependant, puisque nous y avons passé en saison bien occupée, et que contrairement aux parcs nationaux états-uniens, les campings, à l’exception de celui de Jasper et de Waterton Lakes, n’ont pas de sites spécialement conçus pour les randonneurs et cyclistes sans véhicules motorisés (hike and bike ou walk-in), nous arrivions souvent alors que le camping était complet. Il fallait faire réaliser au ranger qu’on ne pouvait pas se rendre au prochain camping aussi facilement que peuvent le faire ces motorisés, et que s’il nous refuse dans son camping, nous irons dormir dans la forêt, ce qu’il ne veut pas non plus. Il faut lui faire comprendre que nous pouvons nous installer à l’extérieur de son lot numéroté, et par la suite, il ne nous embêtera pas pour nous faire réellement payer, puisque probablement nous ne pourrions entrer sur aucune ligne de son formulaire.

Une petite découverte fut les Recreation Sites, en Colombie-Britannique. Ces sites entretenus principalement par l’utilisateur et géré par les services forestiers de la province, offre certes un camping de base (toilette sèche, site avec table à pique-nique, parfois une poubelle), mais gratuit, et ce, dans un décor apaisant près d’une rivière ou d’un lac. Les offices de tourisme n’en parle pas trop, préférant vous envoyer dans les établissements commerciaux, et n’ont aucun répertoire de ces endroits, qui même à vélo sont parfois difficile à repérer sur la route. Un répertoire se trouve en ligne ici.

Quoi manger ?

Je m’habitue au gruau matinal! Rapide et nourrissant, encore plus lorsque qu’on l’accompagne de quelques cuillerées de beurre d’arachide! Je me suis vite fatigué de ces riz instantané à la saveur de sodium et autres choses. Le spaghetti mince devient un substitut nourrissant, accompagné de sauce tomate, d’un légume, de la viande en conserve (le thon est une valeur sûre, le jambon passe bien, le poulet, plus jamais), et de fromage en tranche si je suis chanceux. Pour le lunch, pain, tomates, sardines, carottes. Dans le Grand Nord, où la nourriture fraîche se trouvait plus difficilement, il m’arrivait parfois de devoir sortir le poêle de camping le midi et cuisiner. Depuis que les épiceries se sont rapprochées (et que les heures d’ensoleillement raccourcissent), le lunch se prend plus rapidement, sans cuisiner.

Les routes

Dempster highway


Parcours cycliste 1818441 – powered by Bikemap

Il faut bien se préparer pour parcourir la Dempster à vélo. Seulement les 10 kilomètres en sortant d’Inuvik et les 5 kilomètres avant de rejoindre la Klondike highway sont pavés. 2 petits villages amériendiens se trouvent dans les premiers 150 km au nord, puis plus rien, sauf un lodge au milieu du parcours. Il faut tout simplement aller au rythme de la route, dicté par les montagnes et le climat.

Klondike et Alaska highway


Parcours cycliste 1818445 – powered by Bikemap

Une ballade de plaisance, comparée à la Dempster. Mais il s’agit tout de même du Yukon : les villes ne sont pas assez fréquentes pour offrir des services aux automobilistes, donc se trouvent en cours de route des lodges, regroupant généralement un hébergement, un restaurant, petit magasin et station d’essence. Ne prenez même pas la peine de vous arrêter à Stewart Crossing, on ne voudra même pas vous offrir de l’eau pour remplir vos bouteilles. Pelly Crossing est cependant une communauté amérindienne bien sympathique ayant une épicerie plus que raisonnable et un camping gratuit juste en face avec un abri, qui dans mon cas s’est avéré efficace, arrivant au même moment où la pluie s’est mis à s’abattre pour plusieurs heures.

Cassiar highway


Parcours cycliste 1818448 – powered by Bikemap

Ancien chemin forestier pavé par bout au cours des dernières années, cette route de 720 km devrait être entièrement pavé d’ici la fin de 2012, les derniers travaux ayant lieu lors de mon passage. La ligne jaune centrale est généralement inexistante, la route n’étant pas très large, mais il est bien rare de voir deux véhicules en même temps se croiser devant soi. Encore une fois, il faut bien prévoir. Deux épiceries se trouvent à Dease Lake et Iskut. Good Hope Lake vend quelques conserves. Ailleurs, quelques lodges où vous trouverez seulement des barres de chocolat, croustilles et boissons gazeuses. Si vous ne vous procurez pas suffisamment de nourriture en quittant Whitehorse, il faudra peut-être faire le détour de 20 km jusqu’à Watson Lake avant d’entreprendre la Cassiar. Surveillez les Recreation Sites (voir plus haut)! Le détour vers Stewart vaut franchement le détour, si vous êtes prêt à pédaler le 120 kilomètres pour l’aller-retour. Le paysage est à couper le souffle, et le vent freinera votre descente mais aidera à remonter vers la route principale. De plus, la ville possède tous les services nécessaires au cyclo-voyageurs, incluant le WiFi gratuit!

Yellowhead highway


Parcours cycliste 1818452 – powered by Bikemap

Douce montée vers les parcs nationaux, entrecoupée par quelques montées plus soutenues. La première fois où j’ai vraiment ressenti le trafic! À part quelques sections plus rocambolesques, un accotement garnis d’une bande striée permet de nous séparer de la circulation automobile. Une autre bande striée se trouve souvent sur la ligne centrale, que les véhicules font bourdonner d’un son assourdissant pour nous contourner sur la route. J’y retournerais aujourd’hui et peut-être que ce ne serait pas aussi pire que dans mes souvenirs, mais après ces 2000 km dans la tranquillité, les journées paraissaient beaucoup plus épuisantes psychologiquement sur la Yellowhead! Des village à chaque 30 ou 40 kilomètres font de cette route un parcours facile tant qu’à la planification. Prince George, avec ses 80 000 habitants, fut la plus grande ville que j’aie traversée au Canada.

Icefield Parkway


Parcours cycliste 1818457 – powered by Bikemap

Parcours classique, route célèbre entre Jasper et Lake Louise, la route des Glaciers est empruntée par plusieurs cyclistes, bien que les parcs nationaux de Jasper et Banff ne facilitent pas et n’encourage pas l’utilisation de véhicules non-polluants. Il faut prendre le temps de s’arrêter dans les nombreuses haltes et point de vue, et même laisser le vélo et partir marcher un peu sur les sentiers. Le centre d’information de Lake Louise conservera gentiment en français vos bagages dans leur bureau le temps que vous montiez un peu plus léger voir le lac Louise et pourquoi pas le lac Morraine, 14 km plus loin. Quatre jours sont généralement suffisants pour rejoindre Jasper à Lake Louise, en rajoutant une autre journée pour rejoindre Banff, en prenant la 1A, qui permet d’éviter la route Trans-Canadienne. Sur les derniers kilomètres entre la fin de la 1A et Banff, une piste cyclable permet de rejoindre le centre de la ville.

De Banff à Waterton Lakes via Elk et Crowsnest Pass


Parcours cycliste 1818482 – powered by Bikemap

Loin des sentiers battus, ce chemin a fait contraste avec la route des Glaciers. Nous avons tâté le terrain du Great Divide Mountain Bike Route (GDMBR), un tracé fait par l’Adventure Cycling Association. Cet itinéraire suivant la Division Continentale jusqu’au sud des États-Unis figurera peut-être plusieurs fois sur mon itinéraire au pays de l’Oncle Sam. La partie canadienne du tracé emprunte le sentier Spray et Goat Creek, qui commence juste derrière le Banff Spring Resort. Ensuite, il faut prendre la route de gravier 742 qui mène jusqu’au méconnu Peter Lougheed Provincial Park, à l’ombre de ses voisins nationaux mais pourtant magnifique. Le sentier du Elk Pass permet de traverser en Colombie-Britannique et de faire en 10 km ce qu’une voiture ferait en 300 km pour se rendre au même endroit. Mais il s’agit d’un 10 kilomètres difficile, avec une montée tout aussi difficile que la descente, qui se fait sous des lignes électriques. De là, on emprunte un sentier forestier descendant tranquillement le long de la rivière Elk, jusqu’à Elkford, puis sur une route asphaltée jusqu’à Sparwood. De nombreux Recreation Sites se retrouvent sur cette route inoccupée de 70 km, dont même un comprenant une petite cabine, au kilomètre 160. De Sparwood nous avons quitté le tracé du GDMBR pour se diriger vers le Crowsnest Pass, sur la route 3, et retourner en Alberta, pour aller visiter le parc national des Lacs Waterton, où les Prairies rencontrent les Rocheuses. Peu après Bellevue, sur la 3, il est possible de couper par la 507, route beaucoup moins occupée, pour rejoindre Pincher Creek, puis ensuite Waterton Lakes. En sortant du parc, ne vous croyez pas déjà aux États-Unis. Une très bonne montée vous attend pour vous rendre au poste frontalier de Chief Mountain, ouvert en été seulement!

6 thoughts on “Canada : bilan

  1. Bravo! je serai toujours là pour suivre vos aventures jusqu’à « la fin du monde »

  2. Chapeau Étienne. C’est tout un exploit que tu as accompli jusqu’à maintenant. Je te suis depuis le début et j’apprécie beaucoup tes commentaires (souvent très pertinents) et surtout tes photos et vidéos à couper le souffle. J’ai l’impression de faire parti du voyage. Le résumé de ta traversée du Canada est super intéressant. Continue, nous sommes derrière toi. Bonne route.
    Jean

  3. Bravo , statistiques intéressantes: 153.67km une journée et surtout 67.6 km à l’heure avec les bagages ouf. Est-ce que tu voyage toujours avec ton copain ?

    • Merci!
      Je voyage encore avec Jörg, mais plus pour très longtemps car il se dirigera vers la côte à partir du sud du Montana.

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