Cuba à velo 2018: top 5 des meilleurs segments de route

J’ai eu l’opportunité, avec mon ami François, de m’envoler vers Cuba en avril pour pédaler plus de 2600 km en 6 semaines de découvertes à travers l’île socialiste. Si de plus en plus d’articles se retrouvent en ligne sur comment voyager à vélo à Cuba, ce qui suit se veut plutôt une inspiration, expliquant les meilleures expériences sur la route afin de vous aider à construire votre propre aventure.

Voici une carte interactive de l’itinéraire parcouru, avec en jaune, ce que je qualifie comme mes 5 meilleures journées:

#5: Topes de Collante et Sierra d’Escambray, à l’ouest de Trinidad

Si la montée est brutale en prenant la route vers Topes de Collante quelques kilomètres après Trinidad, une fois en haut, la route qui suit la crête des montagnes est tout à fait sublime. Topes de Collante s’est développé en un centre touristique pour la clientèle de Trinidad, avec des prix plutôt élevé pour visiter des (par contre) impresionantes cascades comme Vegas Grande. À l’ouest de Topes, c’est toutefois le calme plat sur des routes ondulantes pavées bien tranquilles. Après avoir apprécié les hauteurs verdoyantes, la descente avant de rejoindre le petit village de Sierrita est décoiffante.

#4: Parque Nacional Gran Piedra entre Guantánamo et Santiago de Cuba

Alors qu’un barrage militaire empêchait d’aller prendre la route côtière au sud-ouest de Guantanamo, c’est en s’aventurant sur des petites routes au sud de la route principale, une trentaine de kilomètres à l’ouest de Guantánamo que cette alternative s’est dévoilée. La Sierra de Gran Piedra m’a offert un joli défi de montagne, sur une petite route de terre longeant d’abord une vallée, puis montant sinueusement jusqu’à arriver à un petit village juché. De là s’amorce une longue descente cahoteuse (et boueuse, s’il pleut!), puis une autre montée vers un col qui amènera à El Caney, puis vers la ville de Santiago de Cuba.

#3: La pointe est de l’île via La Máquina, alternative à La Farola

Les voyageurs à vélo dans l’est de l’île annoncent La Farola, la route principale reliant Baracoa à Guantánamo, comme un défi à surmonter. Si l’oeuvre d’ingénierie doit épater, l’alternative que nous avons prise consistant à prendre la route faisant le tour de la pointe de l’île n’a pas du tout déçu, au contraire. En une longue journée, de Baracoa à Cajobabo, on parcourt toute une palette de couleurs et de terrains sur une route pavée. Le côté nord, verdoyant, offre un défi de collines successives. Le côté sud, beaucoup plus sec, offre un panorama sur l’océan et sur des formations rocheuses impressionnantes.

#2: Parque de Viñales, Pons et Punta de la Sierra

Il y a bien des raisons pourquoi Viñales est une ville touristique importante pour Cuba, surtout pour l’émergent marché états-uniens qui recherche un produit relativement proche de La Havane. Les mogotes, ces collines de calcaires aux formes particulières, et la terre rougeâtre caractéristique de cette partie de l’île, attirent définitivement l’œil. Les routes tranquilles environnantes sont franchement agréables à pédaler, sans trop de gain d’élévation. La route que nous avons emprunté à l’ouest de Viñales, vers Punta de la Sierra via Pons, respirait le bonheur!

#1: La route côtière Carretera Granma, Parque Nacional Turquino, entre Santiago de Cuba et Marea del Portillo

Ce qui devait être à une autre époque une balade du dimanche en voiture agréable à l’extérieur de Santiago, quand la route était en bon état, est maintenant un paradis pour les cyclo-touristes. Cette route côtière, qui s’est fait à quelques endroits manger par la mer, puis réparée sommairement, n’a pratiquement pas de traffic. Parfois dramatique, parfois paradisiaque, cette route est franchement satisfaisante. Quelques kilomètres avant Chivirico, il ne faut pas manquer Cayo Damas, une casa particular sur une toute petite île, où l’on embarque les vélos sur le pédalo du proprio pour aller s’y héberger. À la fin de la journée, on a réussi à se trouver un endroit sur une plage à l’abri des regards pour camper. La route est généralement pavée, sauf certains segments coincés entre mer et montagne. Le lendemain, il ne restait plus beaucoup de kilomètres pour atteindre Marea del Portillo, un tout-inclus relativement populaire auprès des Canadiens, mais qui, pour le voyageur à vélo, n’a pas pas grand chose à offrir.

Quelques conseils

  • Si les États-Uniens ont un lot de restrictions pour voyager à Cuba, les Européens et Latino-américains ont généralement 30 jours à l’entrée, renouvelable en allant dans un bureau d’immigration, en ayant en main toutefois une police d’assurances. Les Canadiens, quant à eux, ont 90 jours à l’entrée, également renouvelable. Autant en profiter, plutôt que de passer juste une semaine dans un tout-inclus!
  • Du Canada, il y a une panoplie de vols en hiver (et d’une certaine mesure en automne et au printemps) qui rejoignent d’autres villes que La Havane, comme Holguín, où j’ai commencé, mais aussi Santiago de Cuba, Manzanillo, Matanzas… des villes où l’on retrouve pas trop loin de là des resorts tout-inclus. Les transporteurs aériens des compagnies qui vendent ces forfaits, comme Transat et Sunwing, vendent leurs sièges même si on ne prend pas de forfaits, Leurs tarifs, autant pour transporter un vélo que pour se procurer un billet open-jaw, permettant d’arriver et de partir d’une différente ville, sont généralement moindre qu’un transporteur généraliste.
  • Le désavantage de partir d’une ville différente est l’emballage du vélo. Si de chez soi, il est relativement facile de se trouver une boîte, soit dans un magasin de vélo ou soit au service cargo des compagnies d’autobus interurbains, ce n’est pas du tout la même chose du côté cubain. Si l’on voit des vélos partout à Cuba, il n’y a pas grand monde qui vend des vélos neufs, ayant ainsi des boîtes. À La Havane, nous avons dû courir les magasins, marchés et conteneurs à déchet pour trouver des cartons. Le ruban adhésif large ne se trouve pas dans les magasins d’état, mais dans les petits commerce de quincaillerie de base. Bref, prévoir une journée complète pour l’aventure. Si vous repartez de la même ville, promettez à la casa particular ou hôtel qui vous héberge de revenir y passer une nuit pour qu’ils gardent vôtre boîte. Sinon, l’option de laisser votre vélo à Cuba est aussi une option. Plusieurs viendront pédaler à Cuba avec un vélo qu’ils désireront laisser sur place à quelqu’un qui en aura besoin.
  • À noter que le camping sauvage est théoriquement interdit. Assurez-vous de ne pas être vu, mais la plupart des locaux s’en fout. Plusieurs ne voyagent pas avec leur équipement de camping, mais la tente et le sac de couchage nous ont dépanné à quelques reprises, comme nous ne planifions pas tout en avance. Sachez aussi qu’un habitant qui vous héberge sans qu’il soit une casa particular officielle court un risque. Soyez discret si on vous offre un toit.
  • L’argent et la double monnaie peut parfois porter à confusion. N’amenez pas des dollars américains pour changer une fois rendu à Cuba, car il sont frappés d’une taxe de 10%. Bien qu’il y ait un marché noir pour changer les USD à meilleur taux, il peut être plus simple de changer légalement au réseau Cadeca des dollars canadiens ou des euros. Si le touriste standard ne manipulera que le peso convertible (CUC), équivalent au dollar américain, ceux et celles voyageant à vélo doivent se familiariser avec le peso cubano (CUP), qui vaut 50 fois moins et qui permettra d’accéder à l’économie de proximité des Cubains. Cette double économie amène d’énormes distorsion dans la valeur de ce que l’on trouve à acheter dans un petit village versus un endroit touristique, et éviter de comparer les deux systèmes évitera bien des frustrations. Et apprenez vos multiples de 3!
  • Au printemps (avril-may), c’est la saison des crabes! Pas que vos repas seront différents, mais ils seront partout sur les routes côtières! Cette espèce de crabe vit normalement caché à l’intérieur des terres, et après s’être accouplé, voyage jusqu’à la mer pour y laisser leurs œufs. Inoffensifs, ils se lèvent cependant à l’affût lorsque l’on passe près à vélo, en faisant claquer leurs pinces. Incontables, ils peuvent se trouver sur la route par milliers! Les jours aux alentours de la pleine lune, le carnage nauséabond était inévitable…
  • Finalement, ouvrez les yeux… et l’esprit! Cuba recèle de trésors pour les cyclistes mais aussi d’intéressantes expériences culturelles. Les choses fonctionnent tout simplement d’une manière différente là-bas, et on y changera rien lors de notre passage éphémère.

Top 3 des villes à ne pas manquer

#3: Baracoa, où Christophe Colomb a déposé les pieds pour la première fois en Amériques, pour son cadre idyllique et son influence haïtienne.
#2: Sancti Spiritus, où l’on trouve des merveilles coloniales, pour son charme coloré, dans l’ombre de sa voisine Trinidad, surexploitée.
#1: Santiago de Cuba, où est né la révolution, pour le dynamisme d’une grande ville, sans le poids touristique de La Havane.

… et mention spéciale à Camagüey, où plusieurs cyclistes lorgnent pédaler la plane partie centrale de l’île et passe ainsi tout droit, pour se perdre dans les sympathiques rues labyrinthiques du centre de cette troisième ville de Cuba.


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